À l’heure où nous vivons l’état d’urgence climatique, la sixième extinction de masse et en regard de cela notre propre quête de sens (« Génération Burnout », « Grande Démission », éco-anxiété ou solastalgie, bref un mal du monde actuel), de nombreux discours sont alarmistes, culpabilisateurs ou incitent à une course à la pureté irréaliste et inefficace. Il y a certes urgence à (ré)agir. Mais allons-nous parvenir à aller de l’avant, bâtir les fondements du monde de demain dans la panique, les remords ou le découragement face à des objectifs tant inadaptés qu’inatteignables. Chaque geste compte. Mais tous ces petits gestes du quotidien, ces nouveaux récits à l’échelle individuelle, nous les embrassons bien souvent chacun de notre côté…

Une solution, la reconnexion

Mettre en lumière et partager les nombreuses initiatives qui existent aujourd’hui chez nous et qui sont encore bien souvent mal connues, voilà la solution à cet isolement. Inspirer et être inspiré à son tour. S’enthousiasmer. Donner l’envie, l’énergie et les clés pour agir. Agir à son échelle et à la manière qui convient à chacun. Relier. Et si la solution ultime était tout simplement… l’autre. Partir à la découverte, donner la parole et transmettre. Se reconnecter à l’autre pour se reconnecter à soi, aux autres et au vivant tout entier.

En somme, diffuser ce que l’on nomme aujourd’hui les « nouveaux récits ». Ces histoires inspirantes et vertueuses, plus ingénieuses, belles et engageantes les unes que les autres, qui sont à l’origine d’un nouvel imaginaire commun. Nous le savons toutes et tous, ce ne sont pas celles et ceux qui nous gouvernent qui mettront en lumière ces nouveaux récits. Mais ce qu’ils ont l’air d’oublier, c’est que l’on peut réinventer le monde et que l’on a dans nos esprits et entre nos mains le pouvoir de le faire exister.

Les nouveaux récits selon Cyril Dion

L’importance de créer et de transmettre ces nouveaux récits, Cyril Dion, écrivain, réalisateur, poète et militant écologiste français, le scandait encore lors du concert Power Our Planet : Live in Paris. Cet événement était donné en marge du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial en juin dernier :

« On commence tous à sentir les conséquences du changement climatique. Allez voir dans les médias : les canicules, les sécheresses, les méga feux, les inondations… Et parfois, on est submergé par la peur. À tel point que quand on pense à l’avenir, on est incapable d’imaginer autre chose qu’une sorte d’apocalypse ultra anxiogène. Combien vous avez vu de films où les humains sont éradiqués par des zombies, des bombes nucléaires, des extra-terrestres, des robots, des gremlins… Mais où sont les fictions qui imaginent une fin où on s’en sort ? Qui nous montrent comment on vivrait si on restait en-dessous des 1,5°C de réchauffement. Si notre priorité était de protéger les gens, les forêts, les océans plutôt que de gagner toujours plus d’argent. Où sont les films qui nous permettent de rêver et de désirer ce futur assez fort pour avoir l’énergie de le faire exister ? Nous devons faire ces films, écrire ces romans, ces BD, ces jeux vidéo. Car c’est ça qui peut nous donner la force d’agir […] »

Un média qui a de l’impact

Alors ces nouveaux récits il faudra les écrire, en collaboration avec ces hommes et ces femmes qui ont déjà fait le pas de créer les alternatives à nos habitudes d’aujourd’hui pour créer le monde de demain. Afin de transmettre leurs idées et leurs actions à celle ou celui qui cherche à comprendre, essayer, rencontrer, trouver du soutien, soutenir et s’impliquer. Tout cela dans le but de multiplier et faire pérenniser des initiatives telles que celles-là. Et parce que l’écriture est une arme d’imagination massive et un levier d’action puissant, ce sera la mission de La Friche. Vous offrir un média rassemblant divers contenus autour de ces nouveaux récits. Des initiatives par les citoyens, pour les citoyens, à côté de chez nous, orientés vers des modes de vie et solutions écoresponsables et solidaires.

L’imperfection nous va si bien

On tient tout de même encore à vous dire qu’à La Friche, personne n’est parfait et tant mieux ! Car ce n’est pas la perfection d’une minorité qui servira le monde de demain. Mais bien l’imperfection conscientisée et engagée qui s’anime au quotidien d’une majorité de citoyens. Alors oui, nous-mêmes ne fréquentons pas toujours quotidiennement les initiatives que nous allons vous présenter. La vie a ses raisons que la raison ignore… Et nous ne nous culpabilisons ni ne culpabilisons personne pour cela.

Mais lorsque nous savons créer l’occasion d’aller à leur rencontre, nous y prenons un plaisir fou ! Pas de ce plaisir orgueilleux d’être un « bobo écolo ». Celui qui rachète sa conscience à l’occasion et en fait un étalage moralisateur à tout son entourage (#greenwashing). Non, nous nous réjouissons sincèrement que toutes ces alternatives existent. Nous ressentons de l’apaisement à revoir notre rapport au monde au travers de nos besoins réels. Et de la joie à découvrir de nouvelles façons de les satisfaire en respectant davantage notre environnement. Et surtout, nous sommes chaque fois sous le charme de toutes ces merveilleuses personnes que nous rencontrons. Tels des amis, des alliés dans ce combat du quotidien. Ce média, c’est avant tout pour elles que nous le faisons. Et pour toutes celles et ceux qui souhaitent écrire les récits du monde de demain.