à présent, il faut vous représenter Virginie quelques années plus tard, bien avant le début de l’aventure Sacrées Végétales, assistante sociale de formation. Après 10 ans de travail à la réinsertion socio-professionnelle de personnes au travers du maraîchage au service d’un CPAS, elle vit en parallèle de la crise sanitaire une crise professionnelle. Non seulement ce contexte rend sa mission de lutte contre l’isolement bien plus compliquée. Mais en plus de cela, elle ne se retrouve plus dans cette configuration pyramidale de la hiérarchie. Elle ne se sent plus à sa place, plus alignée avec ses valeurs.

Une rencontre, un souvenir, le déclic

Virginie se souvient alors de cette rencontre des années auparavant avec une tisanière qui faisait sécher ses plantes elle-même. Un vrai coup de foudre olfactif ! Elle qui explore depuis de nombreuses années le lien entre la nature et l’homme, ce qu’ils peuvent s’apporter mutuellement, elle connait le pouvoir des plantes médicinales comme moyen de reprendre possession et de jouer un rôle d’acteur pour sa santé.

Elle a 40 ans, les enfants sont plus grands. Forte de sa passion, ses multiples formations (sur les plantes comestibles notamment) et son expérience, elle créé Sacrées Végétales. Une sacrée aventure aux côtés de ses plantes. Les mains occupées dans la terre et l’esprit apaisé grâce à cette relation spirituelle qu’elle entretient avec ces compagnes de cheminement. Et surtout la part belle faite aux femmes (et à la part de féminin qu’ont les hommes en eux).

Sacrées Végétales, c’est la production, la transformation et des animations autour des plantes médicinales et aromatiques. Parmi celles-ci, Virginie propose à la clientèle des tisanes, aromates, plants à repiquer, de l’artisanat ainsi que des cycles de formations, d’ateliers et des visites guidées.

Les mains dans la terre et les pieds sur terre

Ce rêve, Virginie le vit avec la tête bien posée sur les épaules et les pieds sur terre. Elle intègre un incubateur à projet appelé Créa-Job afin d’être accompagnée dans la création de son entreprise et de l’ancrer dans un terreau durable. Si des adaptations sont nécessaires au bon fonctionnement et à la pérennité de son projet, travailler avec les plantes doit rester un plaisir et sa passion pour le règne végétal rester intacte. Elle ne pourrait pas automatiser voire industrialiser le processus au détriment des rapports humains. Elle préférerait alors faire autre chose et conserver le qualitatif de sa passion. Le temps lui apportera les réponses qu’elle espère.

Virginie a également rejoint une coopérative au sein des Jardins d’Agricoeur, un espace test qui soutient l’innovation agricole et sociale. Principalement entourée de femmes, productrices et porteuses de projets divers, elle se nourrit de la force du collectif où les ressources sont mutualisées. Là-bas, la solidarité entre ces femmes aux multiples casquettes de mamans, productrices, entrepreneuses etc. est centrale.

Un nouveau départ et une nouvelle philosophie

À son arrivée aux Jardins d’Agricoeur, Virginie était en burn-out. Elle est arrivée en tant que bénévole. Elle a mis les mains dans la terre, ce qui lui a permis de prendre un temps de pause pour elle. La coopérative lui a ensuite mis à disposition des terres. Et c’est comme cela que son projet a pu voir le jour. Les valeurs portées par la coopérative, à savoir le respect de l’humain, de la planète et de tous ses habitants ancrées dans la production locale et la création de relations sont cette fois-ci bien alignées avec celles de Virginies et de Sacrées Végétales.

Retrouver ce lien, cette connexion à la nature comme source d’enseignements, de sagesse et d’humilité (Virginie sait de quoi elle parle car au moment de notre échange, nous sortons d’une période d’un mois de sécheresse alors que c’est à cette période que les plantes avaient le plus besoin d’eau) mais aussi comme école du lâcher prise. Recréer des petites tribus, relocaliser, tisser des liens de proximité et développer des solidarités. Voilà la recette de Virginie pour le monde de demain.

Le monde-végétal ?

Pour terminer notre échange, je propose un petit exercice de style à Virginie qui se prête au jeu sans hésiter. Je lui demande : « Pourrais-tu représenter l’état actuel du monde par une espèce végétale et me donner les raisons de ton choix ? » Une petite idée de sa réponse ? L’ortie ! Pour son côté piquant mais aussi son potentiel, sa douceur infinie et sa richesse. Selon elle, le tableau actuel du monde est assez déplorable, c’est piquant, ça fait mal au cœur. Mais au-delà de cela, l’homme a en lui un potentiel incroyable. Il possède une force infinie (l’ortie est le végétal le plus riche en protéines, fer etc.). Si l’ortie a une façade peu accueillante, peu chaleureuse, elle a en elle ce potentiel infini qui ne demande qu’à être révélé…

Merci Virginie pour ta douceur et ta vision du monde végétal qui porte tant d’espoir !